Il y a une vingtaine d’années, pendant les combats qui opposaient alors Croates et Musulmans à Mostar, en Bosnie-Herzégovine, un officier croate avait confié à Joseph Nye : « Avant la guerre, je ne pouvais pas distinguer au premier coup d’œil qui était un Musulman, mais maintenant, avec les uniformes, c’est facile. » (« Conflicts after the Cold War », Washington Quarterly 19/1, hiver 1996, pp. 5–24). Depuis les guerres de Yougoslavie, je me suis plus d’une fois demandé ce qui détermine nos identités quand nous nous trouvons sommés de choisir notre camp ? Est-ce la langue, est-ce l’appartenance ethnique, est-ce l’orientation politique, est-ce la religion, est-ce un mélange de plusieurs facteurs ? Face à un conflit opposant notre pays à un autre, le choix trouve une solution aisée en suivant l’adage : My country, right or wrong ! Mais si la ligne de fracture se situe ailleurs, quelles considérations déterminent-elles finalement notre choix ? Quel est le dénominateur commun ultime qui nous semble imposer une direction ou un autre ? Une question inépuisable et sans solution, mais sur laquelle quelques lectures récentes m’incitent à esquisser de brèves observations.