En octobre 2016, le Vicariat épiscopal pour la partie francophone de l’Église catholique du canton de Fribourg lança une enquête auprès de la population. Diffusé en ligne et en version papier, annoncé dans les médias et distribué dans certains lieux publics à des heures de forte fréquentation, un questionnaire intitulé L’Église, ça change quoi ? avait pour objectif de mieux comprendre les perceptions de l’Église catholique et les attentes à son égard, en essayant d’atteindre non seulement les pratiquants, mais aussi des personnes éloignées de l’Église.
Comme l’expliqua Mgr Rémy Berchier, vicaire épiscopal, l’enquête n’était pas le but en soi de cette démarche, menée pour nourrir une réflexion pastorale afin de dynamiser l’Église catholique, dans un contexte où l’héritage catholique reste fortement présent, mais marqué par la diminution de la pratique, la baisse du recours aux sacrements pour marquer les grandes étapes de l’existence et la montée de la non-appartenance religieuse.
Pour analyser les résultats de ce questionnaire et pour accompagner la démarche, le Vicariat épiscopal demanda à plusieurs personnes de participer à un groupe de travail. C’est ainsi que je fus invité en août 2016 à en faire partie pour apporter le regard d’un chercheur attentif aux transformations religieuses contemporaines. Il est vrai que, en 2012, à la suite d’une demande du gouvernement cantonal, j’avais publié un rapport sur Les communautés religieuses dans le canton de Fribourg : aperçu, évolution, relations et perspectives[1]. Par nécessité, il avait fallu apporter un éclairage particulier sur les communautés moins connues, pour répondre au besoin d’information des autorités. Mais la présence catholique faisait partie du tableau, et je m’étais dit qu’il vaudrait la peine de se pencher spécifiquement sur celle-ci, afin d’obtenir une image plus précise de sa situation. En particulier, je reste intrigué par cette part non négligeable de la population fribourgeoise qui fréquente peu les églises, mais continue de se reconnaître dans une appartenance catholique.
J’acceptai donc volontiers de participer au groupe de travail, dont les réunions se tinrent de septembre 2016 à juillet 2017. Des Orientations pastorales nourries entre autres par les réflexions sur les résultats de l’enquête ont été présentées par Mgr Charles Morerod, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, le dimanche 4 juin 2017, à l’occasion de la fête de la Pentecôte.
À la demande de Mgr Berchier[2], j’ai présenté à plusieurs reprises mes observations sur les résultats de l’enquête : une première fois le 13 février 2017, devant les agents pastoraux réunis en session à Valpré, près de Lyon ; une seconde fois le 2 juin 2017, à l’occasion de la conférence de presse pour dévoiler les Orientations pastorales ; une troisième fois le 30 juin 2017, lors de la journée portes ouvertes organisée dans les nouveaux locaux du Vicariat épiscopal.
Le texte que je mets en ligne ici reprend et combine des éléments de ces trois présentations[3]. Certaines données recueillies dans le cadre de l’enquête menée dans le canton de Fribourg durant l’automne 2016 peuvent en effet intéresser un cercle de lecteurs plus large, à la fois géographiquement et par rapport à des centres d’intérêt variés. Ils complètent les résultats de l’enquête tels qu’ils ont été présentés par l’entreprise de conseil en management Team Consult[4]. Ces résultats sont accessibles et peuvent être téléchargés sur le site du Vicariat épiscopal[5], de même que les Orientations pastorales[6].
Si vous souhaitez télécharger une version en PDF avec les notes placées au bas de chaque page, celle-ci est accessible à la fin de l’article, après les notes.
L’Église catholique fribourgeoise dans l’Europe de l’après-chrétienté
En 2013, chez un éditeur universitaire breton, un groupe de chercheurs de plusieurs pays européens a publié un ouvrage intitulé La décomposition des chrétientés occidentales, 1950–2010. Ce titre-choc introduit une analyse plus nuancée. La préface d’Yvon Tranvouez explique qu’il fallait entendre par « décomposition » non pas la disparition du christianisme, et plus spécifiquement d’un catholicisme toujours bien vivant, mais « l’effacement de la configuration sociale favorable qui a longtemps été celle de l’Église catholique dans diverses régions de l’Europe »[7].
Les chrétientés (ou terres de chrétienté), continue Tranvouez en reprenant les critères établis par le chanoine français Boulard au milieu du XXe siècle, désignent sociologiquement des régions plus ou moins résistantes à la sécularisation et faisant figure de bastions du catholicisme, avec quatre caractéristiques :
- Assiduité aux offices, pratique pascale et dominicale encore majoritaire, même si les femmes sont les plus empressées.
- Fidélité aux rites qui marquent les grandes étapes de la vie, du baptême aux obsèques, et respect affiché (si ce n’est effectif) des principes de la morale catholique.
- Autorité reconnue à un clergé encore nombreux et visible (Tranvouez cite la savoureuse remarque d’un curé basque en 1949 : « Le maire m’obéit encore bien » !).
- Fréquentation d’institutions confessionnelles pour les différents âges de la vie[8].
Comme l’observe Tranvouez, tout cela s’est effondré en deux générations. De façon générale, la vie s’organise de moins en moins autour de l’appartenance confessionnelle : en Suisse, 57 % des catholiques âgés de plus de 70 ans indiquent que la religion a joué un rôle dans le choix de leur partenaire, alors que ce n’est le cas que de 20 % des moins de 40 ans[9]. La question n’est pas de dire si « c’était mieux avant » ou « c’est mieux maintenant », mais de prendre acte de transformations et de leurs conséquences dans le champ religieux.
La partie francophone du canton de Fribourg n’est pas une île dans les évolutions religieuses que connaissent la Suisse, l’Europe — et le catholicisme à travers le monde, dans sa variété[10]. Si nous appliquons à l’environnement fribourgeois les quatre critères de ce que sont sociologiquement des « chrétientés », au sens défini ici, nous y retrouvons ces transformations. Il suffit de discuter avec toute personne ayant baigné dans le catholicisme fribourgeois des années 1950 pour mesurer l’ampleur des changements. La pratique a fortement baissé : tel curé singinois m’a affirmé que, dans les années 1960 encore, il pouvait compter sur les doigts ceux qui n’étaient pas à la messe dominicale. Le recours à certains rites marquant les étapes de la vie est en chute forte, par exemple le mariage religieux, tandis que nous voyons de plus en plus d’avis de décès dont la célébration religieuse des obsèques est absente. Le clergé a beaucoup diminué et ce n’est pas fini, même si — en ville de Fribourg — la présence de nombreuses communautés religieuses tempère la situation. Une partie de l’activité associative confessionnelle s’est réduite fortement.
Le paysage religieux s’est considérablement diversifié au cours du demi-siècle écoulé, mais si les Églises historiques continuent d’y occuper l’espace le plus large. Dans ce canton de 310 000 habitants (dont 70 000 de nationalité étrangère), plus de 60 % de la population s’identifie encore comme catholique — indépendamment de l’intensité de la foi et de la pratique — et le manifeste en acceptant de payer un impôt ecclésiastique. Le paysage fribourgeois est parsemé d’églises bien entretenues. L’instruction religieuse reste accueillie dans l’espace scolaire. Des centaines de personnes s’engagent dans des activités catéchétiques ou caritatives dans le cadre d’institutions catholiques. La procession annuelle de la Fête-Dieu (jour férié dans le canton de Fribourg) est certes moins étoffée et moins fréquentée que dans le passé, mais reste célébrée avec solennité et avec la participation des autorités politiques ainsi que des représentants de l’Université d’État, qui abrite une Faculté de théologie et où enseignent des religieux en habit. Le moins qu’on puisse dire est que ce n’est pas un catholicisme qui rase les murs ou qui serait devenu une affaire purement privée.
Observations sur l’enquête et ce qu’elle nous révèle
Les changements sont cependant indéniables, et l’avenir ne manque pas d’incertitudes à l’horizon des trois ou quatre prochaines décennies. L’enquête de l’automne 2016 a été menée pour des motifs pastoraux, mais ses résultats apportent aussi du grain à moudre pour l’observation historique ou sociologique du champ religieux en Suisse. Je vais essayer de partager les réflexions qu’ils m’inspirent en tant que chercheur.
Mon rôle n’est nullement prescriptif : il ne s’agit pas de décréter ce qu’il faudrait faire ou ce qui me semble bon. Mon approche se veut plus modeste : examiner les résultats pour essayer de comprendre ce qu’ils nous disent et les mettre en perspective par rapport aux recherches aujourd’hui menées sur la religion en Suisse. Une précision pour prévenir des malentendus : quand j’explique ce qui ressort du sondage, il ne s’agit pas d’exprimer ce que je pense ou préférerais moi-même, mais d’interpréter les résultats de façon aussi précise que possible, sans les tirer vers une interprétation ou une autre. Cela ne m’empêchera pas d’introduire ici et là quelques commentaires personnels, mais clairement identifiables comme tels.
Pour préparer ces réflexions, j’ai d’abord relu l’ensemble des résultats, afin de discerner des traits qui émergent, au-delà des réponses individuelles, parmi lesquelles on découvre tant des commentaires fervents que parfois acerbes. En effet, ce sondage n’apporte pas seulement des chiffres, mais aussi des commentaires librement rédigés. Il met ainsi de la chair sur les chiffres. Chaque commentaire reflète une opinion : quand plusieurs vont dans un sens analogue, cela suggère l’existence d’attentes ou interrogations dans certains secteurs de la population. Avec des points de vue parfois contradictoires : le catholicisme fribourgeois n’est pas monolithique. Il convient de prêter particulièrement attention aux remarques critiques, le questionnaire y invitait : mais il y a aussi bien des commentaires enthousiastes, pour équilibrer.
Un sondage a ses limites, mais le groupe d’accompagnement avait veillé à ne pas formuler les questions dans un sens qui orienterait les réponses. Les pratiquants sont clairement surreprésentés parmi les répondants, ce qui n’est pas étonnant : ils sont plus motivés et plus aisément atteints. Nous comptabilisons quand même près de 30 % de réponses provenant de personnes ne pratiquant pas ou rarement.
Ce n’est donc pas un sondage représentatif au sens strict, puisqu’y ont répondu ceux qui le voulaient bien, et pas sur la base d’une sélection d’un échantillon. C’est un sondage indicatif : le nombre de réponses — de 1 000 à 1 500 répondants selon les questions — est suffisamment important pour fournir des informations pertinentes. Mais il faut s’abstenir d’une interprétation inexacte qui utiliserait des formules fautives, telles que « 20 % des catholiques du canton pensent ceci ou cela » : le sondage permet surtout de repérer des thèmes et des tendances.
La plupart des commentaires montrent que les répondants ont pris au sérieux les questions posées : bien sûr, certains en profitent pour régler des comptes ou s’exprimer vigoureusement, à l’instar de cette réponse qui invite l’Église à « fermer boutique » ; c’est naturel, dans un exercice de ce genre, mais les réponses révèlent vraiment ce que des gens ont sur le cœur, positivement ou négativement. Ils expriment leur joie de croire et d’appartenir à l’Église ou ils disent leurs blessures et leurs déceptions.
Le sondage et les commentaires révèlent trois grandes catégories, pour faire court :
- Les gens qui ne sont plus vraiment convaincus voient dans l’Église une survivance du passé, ou une institution mal adaptée à sa mission.
- Les croyants critiques, qui trouvent dans l’Église un cadre pour leur vie spirituelle, persistent dans leur attachement, mais sont déçus par certains aspects ou par le contraste entre leurs attentes et la réalité quotidienne.
- Les fidèles convaincus et heureux de l’être, sur une palette qui peut couvrir des sensibilités différentes, qui vont jusqu’à écrire que l’Église « donne une direction à tous les choix essentiels de mon existence ».
Quelques citations extraites des réponses en essayant d’offrir une palette assez représentative illustrent ces différentes attitudes. Je les reproduis en respectant les formulations de leurs auteurs.
Pas convaincus…
- Église en manque d’évolution et d’ouverture, fonctionnant sous des rituels ne laissant pas rayonner la lumière du Christ Jésus ressuscité.
- Antique. Poussiéreux. Démodé. Rétrograde.
- Une organisation du fond des âges, non adaptée à notre époque.
- Pas assez proche de la vraie vie, trop de rituels anciens, peu adaptée à la vie actuelle.
- Une institution représentant un beau message, n’ayant pas su/pu évoluer avec son temps.
- Beaux bâtiments, peu de gens à l’église, manque de convictions.
Croyants critiques…
- Qu’elle n’est pas assez fidèle au message du Christ… cela va déjà beaucoup mieux avec le pape actuel. Elle s’accroche trop formaliste dans ses interventions et ses célébrations.
- Elle fait partie de moi. Je fais partie d’elle. Je l’aime, mais elle m’exaspère. J’espère que le pape François pourra continuer le plus longtemps possible à transmettre un message de renouveau et d’espérance.
- Communion, Christ, miséricorde, bienveillance, mais aussi : structure rigide, difficulté d’écoute et d’adaptation.
- Rigidité et dogme. Mais aussi amour et paix.
- Liturgie, prière, communion, scandales.
- Beauté des églises et cathédrales, lieux vibrants d’énergie, ennui lors de messes ou autres célébrations.
Fidèles et heureux de l’être…
- Ma famille.
- Une grande famille qui s’aide et se soutient mutuellement.
- Je l’aime, c’est mon Église.
- La base de mon éducation, le cadre de ma foi, ma deuxième communauté après ma famille.
- Communauté de disciples du Christ qui témoignent et proposent la foi du Ressuscité.
- J’aime mon Église, la beauté des cérémonies, la dignité des prêtres, Dieu Présent partout.
- Hors de l’Église, pas de Salut !
- Tradition, fidélité.
Cela suffit à rendre les différences de perceptions : on se demande parfois si les réponses parlent de la même Église, du même diocèse !… Mais, justement, ce sondage nous permet d’entendre les voix de ces composantes diverses du catholicisme fribourgeois.
Les réponses à cette question et à d’autres montrent des attachements profonds, et donnent les échos d’expériences spirituelles fortes : des Fribourgeoises et Fribourgeois dont la vie entière semble guidée par leur foi catholique — à côté de rudes déceptions chez d’autres, que certains surmontent cependant, à l’image de ce commentaire : « J’ai parfois mal à mon Église, mais je crois au chemin des béatitudes. » Nous voyons des gens qui s’éloignent de l’institution, mais qui disent croire — ou qui sont déçus par l’institution, mais qui persévèrent quand même. Nous rencontrons aussi des personnes qui en voudraient plus, mais peinent à le trouver dans un cadre paroissial : « Dans ma région, je la trouve morte. La messe est dite “pour les morts” ou “pour les défunts”, les gens ne s’intéressent pas à la prière, les prêtres ne veulent pas promouvoir la lecture de la Bible et la vie fraternelle est réduite à presque rien. »
Ces réponses me semblent aussi dessiner deux types d’identité catholique, qu’on pourrait ensuite subdiviser en sous-groupes, à l’instar d’enquêtes françaises : d’une part, une identité catholique classique d’adhésion à l’Église comme voie naturelle pour suivre le Christ ; d’autre part, une identité catholique individualisée, qui souscrit à certains aspects du message, mais de façon sélective. Exemple : « Je pense que l’on peut parfaitement être catholique croyant sans pour autant se rendre à l’église. Nous pouvons parfaitement prier le Seigneur à tous moments et à tout endroit. C’est ce que j’apprends à mes enfants. »
Par rapport à l’évolution de l’Église à l’époque contemporaine, les remarques exprimant un regret sont présentes (« trop de changements depuis Vatican II », l’Église « devient de plus en plus réformée »), mais en nombre nettement moins grand que celles qui plaident pour plus d’ouverture, dans des domaines à vrai dire variés (allant de la pratique à la morale), ou déplorent une Église qui serait, selon eux, « hors des réalités du monde moderne », encore qu’il resterait à voir plus précisément ce que cela veut dire. Le sentiment donné par le sondage est que les développements postérieurs à Vatican II sont assez largement intégrés dans le catholicisme fribourgeois.
Il y a une variété d’attentes en matière liturgique, d’ailleurs pas nécessairement exclusives[11]. Ce qui est consensuel est une messe dans laquelle les fidèles retrouvent des repères familiers. Les réponses reflètent un désir de célébrations à la fois joyeuses et soignées, dans lesquelles passe quelque chose, avec une prédication de qualité. Pour le reste, il y a différentes sensibilités : on peut s’attendre à ce que poursuive l’actuelle tendance à choisir (surtout en contexte urbain) des environnements correspondant aux affinités plus qu’aux frontières du territoire paroissial.
D’autres remarques par des pratiquants n’évoquent pas ces dimensions, mais s’inquiètent du décalage entre ce que devrait être l’idéal et la réalité vécue dans les paroisses. Le défi pastoral sera de trouver des voies répondant à des attentes qui, finalement, expriment la nécessité d’une multiplicité de cadres de vie spirituelle dans l’Église du canton de Fribourg. Le constat sociologique est qu’il n’y a pas un seul modèle qui puisse répondre à toutes les attentes. Il faut souligner ici l’avantage représenté par la présence de plusieurs congrégations religieuses, sur territoire fribourgeois, avec les différentes traditions de spiritualité qui leur sont associées.
Un point frappant : le sentiment, exprimé dans plusieurs réponses, que les célébrations ne seraient pas joyeuses — alors que, par ailleurs, un nombre important de réponses associent naturellement la vie en Christ à la notion de joie. Cette joie n’est sans doute pas celle qu’on attend d’un spectacle : même si le style de célébration et le choix des chants sont évoqués, il s’agit probablement de tout ce qu’inspire une célébration, et le soin qui doit y être donné. Là encore, l’attention prêtée aux célébrations, à leur rayonnement, semble cruciale. Mais la récurrence de cette mention interpelle. Après analyse des réponses, l’attente semble être celle de célébrations qui communiquent la joie, d’homélies soigneusement préparées et d’une expression du message qui, pour faire court, place l’Évangile dans la vie quotidienne.
Un autre point m’a étonné, parce qu’il revient assez souvent et n’est pas simplement le fait d’une ou deux voix isolées : un certain nombre de personnes semblent avoir un problème avec la longueur des messes. J’ai l’occasion de fréquenter des communautés dont les liturgies ordinaires sont nettement plus longues qu’une messe habituelle, sans parler de chrétiens africains qui ont du mal à prendre au sérieux des célébrations trop courtes. Une des réponses nous dit qu’une messe, même chantée, ne devrait pas dépasser 45 minutes et peut parfaitement être fervente malgré tout. Je m’interroge sur ce que cela signifie quant au sens liturgique[12], même s’il est vrai que cela est inévitable quand une Église rassemble la majorité de la population. Il ne me semble pas que les messes célébrées dans le canton de Fribourg soient particulièrement longues. Je soupçonne que la longueur de la prédication — en lien avec sa qualité — joue ici un rôle central dans la perception.
Même si l’on est tenté de se demander dans quelle mesure cela relève en partie de clichés, le sentiment de l’Église rétrograde, rigide, sclérosée et vieux jeu, d’une structure lourde, dépassée et ne répondant pas aux besoins des femmes et des hommes d’aujourd’hui, est exprimé dans nombre de commentaires, comme l’ont illustré nos échantillons. Certes, un sondage est l’occasion rêvée de dire ce qu’on a sur le cœur ou de se défouler : il n’en reste pas moins frappant de trouver un tel nombre de remarques indicatrices d’une perception de décalage[13]. Inutile de préciser que certaines réponses renvoient l’écho de scandales ou manquements qui ont marqué les esprits.
Les résultats du sondage révèlent le sentiment d’un écart — assez fréquemment exprimé — entre l’Église et le monde dans lequel vivent les répondants : « Parfois une impression de vie en Église comme un poisson rouge dans son bocal qui croit que son bocal est le (seul) monde réel », dit joliment l’un des commentaires. À côté des enthousiastes, pour lesquels l’Église signifie « amour, partage, écoute » ou « croyance, espérance, communauté », il y a toutes celles et tous ceux qui semblent faire une expérience totalement différente (« pas assez proche de la vraie vie », « manque de véritable accueil, manque de joie »), et qui disent avoir le sentiment de messes peu inspirantes (voire « insipides ») ou d’un langage détaché de celui de tout un chacun, voire hermétique — et bien sûr, plus on s’éloigne, plus il semble que le message devienne difficile à comprendre. Ce n’est pas simplement une question de vocabulaire.
Plus d’un commentaire appelle l’Église à être « proche des questions quotidiennes » (ou lui reproche d’être « hors des réalités de la vie »). Les chercheurs de Team Consult ont noté que 55 % des pratiquants réguliers et des engagés trouvent l’Église seulement un peu proche des réalités, et 20 % pas du tout. Cela recouvre probablement plusieurs attentes ou insatisfactions. Mais pourrait-il y avoir des réponses qui passent déjà par les célébrations ? Cela m’est venu à l’esprit en me souvenant de l’enquête sur l’évolution des communautés évangéliques en Suisse romande, que j’avais menée en 2015–2016 à la demande du Réseau évangélique suisse[14]. J’ai donc assisté à nombre de cultes évangéliques. Ce qui m’a frappé dans certaines prédications, notamment dans des églises qui ont beaucoup de succès, est la capacité à mettre en lien très direct des passages de l’Évangile avec les préoccupations quotidiennes des auditeurs, à rendre un texte évangélique pertinent pour chacun, pris tel qu’il est, dans un environnement ordinaire, avec les soucis que nous pouvons avoir tous, et à susciter le sentiment que cela apporte aux fidèles une réponse personnelle. Ce n’est pas larguer la doctrine ; c’est créer un pont entre celle-ci et la vie de tous les jours, trouver dans le message du Christ ce qui va aider à reprendre espoir, à aller de l’avant, à rendre grâce… Ce n’est pas en développant simplement une stratégie de communication ou en essayant de donner une impression de modernité à tout prix (sous quel angle, d’ailleurs ?…) que l’Église catholique répondra tant aux critiques la voyant dans une bulle qu’aux attentes de présence : c’est plus probablement par la formulation de messages montrant comment l’Évangile répond aux questions et préoccupations du quotidien, ou change la façon de voir la vie de tous les jours. On veut d’une religion à la fois qu’elle communique un petit parfum d’éternité — ou au moins de permanence et de stabilité — mais aussi qu’elle propose des réponses aux questions du moment.
L’argument identitaire n’est invoqué que par 30 % des personnes peu ou pas pratiquantes pour justifier la persistance de leur appartenance : je m’attendais à plus. Sans doute les catholiques fribourgeois conservent-ils le sentiment d’être plutôt bien installés dans la société et ne se sentent-ils pas particulièrement menacés (par le sécularisme ou par d’autres religions…). Ce n’est pas un catholicisme sur le modèle de la forteresse assiégée qui se dessine ici, et donc pas non plus un catholicisme particulièrement offensif, dans l’ensemble. Cela est illustré par quelques commentaires du style : « Je suis née en terre catholique. Si j’étais née ailleurs, je vivrais une autre foi. »
La participation à des cérémonies qui marquent les grandes étapes de la vie est mise en avant. La fonction sociale de la religion pour marquer les grandes étapes de l’existence reste assez présente, comme nous en faisons sans doute l’expérience dans nos propres environnements : les mariages et les enterrements sont des moments importants dans la vie d’une communauté familiale et locale. Et même si nous voyons aussi apparaître dans ce canton des conseillers en rituels proposant des cérémonies hors Église, même si nous savons que de plus en plus de mariages ne sont pas célébrés à l’église, même si l’on voit augmenter les obsèques non religieuses, ces moments restent privilégiés pour atteindre les personnes peu ou pas pratiquantes.
Dans les réponses à la question posée pour savoir si des activités pourraient ramener des personnes éloignées vers un plus grand engagement dans la communauté chrétienne, les experts de Team Consult ont noté un résultat étonnant et pas nécessairement négatif, selon eux : la moitié des personnes concernées qui répondent ne savent pas. S’agit-il de gens qui n’ont pas particulièrement sujet à se plaindre de quelque chose, qui ne sont pas hostiles et probablement contents qu’il reste une église au milieu du village, même s’ils n’y rentreront peut-être que les pieds devant ou pour une cérémonie exceptionnelle ? Simplement ne sont-ils pas particulièrement motivés et ont d’autres choses à faire — car n’oublions pas l’énorme concurrence de toutes les activités séculières ? Ou le sondage révèle-t-il ici un groupe numériquement important destiné à s’éloigner toujours plus ? Tout reste probablement ouvert : à l’occasion d’un questionnement, d’une crise, d’une rencontre peut-être…
Parmi les personnes peu ou pas pratiquantes, deux rôles de l’Église ressortent comme également prioritaires pour la moitié de ce segment de la population catholique. D’une part, la célébration des sacrements. D’autre part, l’action sociale. L’action sociale a toujours été menée, mais peut-être prend-elle un profil particulier aujourd’hui, parce que c’est aussi, de plus en plus, une justification de la présence publique des Églises et des impôts ecclésiastiques sur les personnes morales. D’une certaine façon, même si ce n’est évidemment pas l’objectif poursuivi, c’est un élément de légitimation de l’Église dans la société[15].
La priorité donnée à l’action sociale pour l’usage des ressources des Églises reflète une forte conscience sociale. À vrai dire, celle-ci est assez présente en Suisse dans la population en général : on est volontiers généreux à l’occasion de grandes collectes pour des causes humanitaires, par exemple. Il est assez logique que l’entretien du patrimoine bâti vienne en queue de liste des priorités : reste à savoir si l’on peut en tirer la conclusion que les mêmes personnes approuveraient la vente d’églises paroissiales pour en donner l’argent aux pauvres… Comment bien maintenir l’articulation entre proclamation de l’Évangile et engagement social ? Une réponse donne à réfléchir : « Pas une mauvaise expérience, mais dans l’ensemble, c’est que du blabla qui ne m’a rien apporté à part le fait d’écouter et d’aider son prochain. »
Aucun avis négatif sur le pape François : même les personnes réticentes sur les orientations postérieures à Vatican II ne critiquent pas le Pape. Des avis positifs exprimés — pas une déferlante de fond, mais un mouvement notable, d’autant plus que le questionnaire n’y faisait pas allusion. « Je pense que notre pape François est un grand modèle à suivre : humour, humilité, miséricorde et audace. » L’effet François se manifeste aussi à Fribourg. Vu la structure et le fonctionnement de l’Église romaine, ce n’est pas indifférent.
Parmi les questions qui n’ont pas été posées, mais ont été spontanément mentionnées, relevons le souci exprimé par un certain nombre de répondants qui se soucient de la communication et de la transmission du message aux jeunes dans une Église perçue comme « vieillissante » (l’adjectif revient plusieurs fois dans des réponses de pratiquants). Certaines réponses pensent à la jeunesse non seulement par rapport aux adolescents, mais jusqu’aux trentenaires. En tout cas, l’attente de plus grands efforts en direction des jeunes se manifeste, ignorant peut-être ce qui est déjà proposé dans cette direction.
L’enquête en perspective
Mais essayons maintenant de replacer les observations découlant du sondage dans le contexte suisse, à la lumière des plus récentes recherches, pour prendre un peu de hauteur et mieux comprendre ces évolutions.
Sans revenir sur les considérations initiales de cet exposé, la situation des Églises historiques de notre pays s’est modifiée. Le Programme national de recherche 58 du Fonds national suisse, mené de 2007 à 2010, résume cette évolution en parlant de pertes à trois niveaux[16] :
- Perte du monopole historique en matière de religion — même si les Églises catholique et réformée conservent une influence importante. On peut être religieux (ou spirituel) en dehors des Églises.
- Perte de membres, en raison des départs, avec un vieillissement. (En 2008, à l’échelle nationale, les 18–35 ans composaient 17 % des catholiques pratiquants en Suisse, tandis que les plus de 60 ans étaient 56 %[17].)
- Perte interne, du fait que la forte majorité des membres ne sont plus des pratiquants réguliers, mais des distanciés (c’est la différence avec les Églises évangéliques, beaucoup plus petites, mais au taux de pratique très élevé, en raison d’un autre modèle d’Église).
Depuis 2010, la part des catholiques romains dans la population a diminué de 5 points, celle des réformés de 9 points : un peu plus de 37 % de la population suisse se déclare catholique et un peu moins de 25 % des résidents se disent protestants. Le groupe qui a progressé le plus est celui des personnes sans confession, aujourd’hui à peu près 24 % de la population à l’échelle de tout le pays.
Pourtant, comme le faisait remarquer Daniel Kosch (Conférence centrale catholique romaine)[18], le paradoxe est que la population catholique en Suisse est en (légère) croissance en chiffres absolus. Il n’y a jamais eu en Suisse autant de catholiques qu’aujourd’hui ! Bien sûr, ce n’est pas parce que les familles catholiques redeviennent plus nombreuses : mais, depuis les années 1960, l’Église catholique est l’une des principales bénéficiaires de la migration, sur le plan religieux. L’importance de la population catholique portugaise dans le canton de Fribourg en est un exemple (environ 10 % des catholiques du canton seraient d’origine portugaise).
Si nous prêtons attention au taux de pratique, je ne sais pas s’il y a réellement 13,6 % des catholiques qui, selon les observations de l’OFS, participent à un service religieux au moins une fois par semaine. Sans être impossible, cela me paraît élevé : dans des sondages, il peut y avoir tendance à une surestimation de sa pratique religieuse, quand celle-ci est perçue de façon valorisante. Les évaluations de l’ISP/SPI se situent plutôt en 10 et 12 %[19]. Mais admettons que cela corresponde à la réalité. Laissons de côté les 20 % de catholiques qui ne vont jamais à l’église. Ceux qui retiennent notre attention sont tous ceux qui se trouvent entre les deux : les 26 % qui disent assister à un service entre six fois par an et au moins une fois par mois, et les 40,7 % qui y vont entre une fois et cinq fois par an — c’est-à-dire, sans doute, à Noël, peut-être Pâques, et quelques autres occasions. Cette partie principale de la population catholique suisse se perçoit toujours comme catholique : elle n’est pas entièrement détachée. Mais la génération suivante peut aussi bien poursuivre ce type de pratique irrégulière qu’y tourner le dos complètement — ou, pourquoi pas, s’engager…
15,9 % des catholiques se disent très religieux et 36,4 % plutôt religieux, tandis que 33,9 % répondent « plutôt pas » et 13,8 % « pas du tout ». (À noter que plus d’un tiers des jeunes — toutes confessions ou non-appartenances confondues —se décrivent comme « plutôt » ou « très religieux ».) Cela signifie que, parmi les personnes appartenant à l’Église catholique, plus de la moitié se décrivent comme « plutôt » ou « très religieux ». Ce n’est pas rien : on peut conjecturer longuement sur la nature de cette religiosité ou sur la surévaluation de celle-ci, mais cela indique que reste une marge non négligeable, si l’offre religieuse catholique est perçue comme crédible.
Pour bien comprendre cette situation, il est utile de recourir à des analyses transconfessionnelles, révélant différents types religieux. Je pense ici à l’étude qui a débouché sur le livre Religion et spiritualité à l’ère de l’ego[20]. Cette analyse sociologique distingue quatre grands profils croyants (ou non religieux) dans la Suisse d’aujourd’hui, chacun distingué en sous-types.
- Institutionnels : 17,5 %. Les personnes pour lesquels la foi et la pratique chrétiennes ont une grande importance, et qui croient à un Dieu unique, personnel et transcendant. La pratique religieuse est importante : 72 % vont plus d’une fois par mois à l’Église. Une fraction est cependant ouverte à des spiritualités alternatives.
- Alternatifs : 13,4 %. Ils parlent plus volontiers de spiritualité que de religion, sont attirés par l’expérience plus que par des dogmes, inclinent à des intérêts ou pratiques holistiques ou ésotériques. Leur approche est syncrétique, empruntant à différents domaines. Une forte majorité d’entre eux vivent cela sur un plan individuel, dans une attitude de clients, sans liens forts avec des groupes particuliers.
- Distanciés : 57,4 %. Les conceptions spirituelles et religieuses ne leur sont pas étrangères, mais ne sont que rarement mobilisées dans leurs vies et ne jouent pas une grande importance au quotidien. Ils vont rarement à l’église, tout en restant membres dans leur majorité : il y a un reste d’attachement. Il leur arrive occasionnellement de recourir à une autre pratique spirituelle, mais sans engagement particulier.
- Séculiers : 11,7 %. Ni pratiques ni convictions religieuses. Près de la moitié se définissent comme athées[21].
Si l’on se réfère à ces profils, l’Église catholique — comme les autres confessions chrétiennes — doit à la fois convaincre les institutionnels que leur attachement est justifié et inciter les distanciés à s’intéresser de plus près à ce que le christianisme peut signifier pour eux.
Les tendances de fond de la sécularisation ne vont pas disparaître. Le taux de pratique va très probablement baisser encore, de même que le nombre de personnes sans confession augmentera— sans qu’on puisse pour autant prolonger les courbes à l’infini. Ce qui se produit, comme le remarque Jörg Stolz, est un processus de désinstitutionnalisation : les individus tendent à s’émanciper des institutions religieuses pour décider seuls. Cela peut avoir des conséquences très variées, allant de la sécularisation et du marché religieux à des contre-mouvements conservateurs. Et surtout, cela a été un phénomène générationnel : les conséquences à plus long terme ne sont pas encore totalement discernables[22].
Un décrochage rapide conduisant à une forte et irréversible diminution du nombre de fidèles dans une période relativement courte est un scénario possible. Ce scénario n’est pas écrit d’avance. L’Église catholique dans le canton de Fribourg dispose d’atouts, à commencer par une implantation encore solide. L’avenir dépend cependant aussi de nombre de facteurs dépassant le cadre ecclésiastique et cantonal.
Notes
- Rédigé avec la collaboration de Pierre Köstinger, ce document de 100 pages peut être téléchargé en ligne : http://www.religion.info/pdf/2012_09_Religions_Fribourg_rapport.pdf ↑
- Je tiens à remercier Mgr Rémy Berchier, l’équipe du Vicariat épiscopal et les autres membres du groupe de travail pour la confiance témoignée et l’excellent climat de coopération. ↑
- Certaines références en bas de page renvoient à des sites ou pages sur Internet. Les liens étaient tous actifs en août 2017. Mais comme on le sait, il arrive que des pages disparaissent ou que des URL connaissent des modifications. Mes lecteurs futurs voudront bien m’excuser si c’était le cas. ↑
- http://tc-teamconsult.ch ↑
- http://www.cath-fr.ch/orientations_pastorales/sondage. Le lien pour télécharger l’analyse des résultats se trouve au bas de la page. ↑
- http://www.cath-fr.ch/orientations_pastorales/guide. Le lien pour télécharger le guide (16 pages) se trouve au bas de la page. ↑
- Yvon Tranvouez (dir.), La décomposition des chrétientés occidentales, 1950–2010, Brest, Centre de Recherche Bretonne et Celtique, 2013, p. 12. ↑
- Ibid., p. 13. ↑
- Jörg Stolz, « La religion et l’individu face à la pluralisation religieuse », in C. Christoph Bochinger (dir.), Religions, État et Société : la Suisse entre sécularisation et diversité religieuse, Zurich, Éd. Neue Zürcher Zeitung, 2012, pp. 75–105 (p. 86). ↑
- Ce qui se passe en Europe ou dans des pays de l’hémisphère sud est très différent. ↑
- Dans l’enquête réalisée il y a trois ans dans le Décanat de Fribourg (qui ne portait que sur les catholiques pratiquants), nous pouvions observer que des messes aux références assez classiques représentaient la formule la plus rassembleuse parmi les pratiquants, mais que les messes avec chorale de jeunes suivaient d’assez près et que l’ouverture à d’autres formules était bien présente, dans un contexte où les choix liturgiques ne paraissent pas se vivre sur un mode exclusiviste pour beaucoup de catholiques (voir mon analyse et mes commentaires à ce sujet : https://www.orbis.info/2014/03/messe-en-latin-et-autres-preferences-liturgiques-a-propos-de-lenquete-pastorale-sur-la-pratique-religieuse-catholique-a-fribourg/). ↑
- Petite anecdote : alors que je suis en train de mettre au point la présente version de cet article, je participe à la Divine Liturgie dominicale d’une paroisse orthodoxe. Pendant les agapes qui suivent la célébration, je parle avec un pieux fidèle d’origine grecque, artisan, sans formation théologique, mais connaissant bien la foi à travers une pratique régulière et la fréquentation de monastères dans des pays de tradition orthodoxe, où il assiste à des offices qui durent parfois cinq ou six heures, souvent debout durant toute la célébration. Je lui raconte ma perplexité face à cette réaction sur la longueur des messes. Il me répond qu’il trouve les liturgies orthodoxes (pourtant bien plus longues que les messes) plutôt courtes, quand on pense à tout ce qu’elles contiennent, puisqu’elles nous font suivre toute la vie du Christ à travers les différentes étapes de l’action liturgique. Cette réaction à la fois spontanée et profonde m’a inspiré ma remarque sur le sens liturgique. ↑
- Je ne tiens pas compte de commentaires au ton de règlements de compte et de remarques isolées, du style de la définition de l’Église catholique comme « une secte grand format » (sic), ou des suggestions qui laissent un peu perplexe (que veut dire « devenir une religion comme les autres » ?), mais seulement d’opinions exprimées qui se retrouvent chez plusieurs personnes. ↑
- J.-F. Mayer, L’évolution des chrétiens évangéliques et leur perception en Suisse romande, Genève, Réseau Évangélique Suisse, 2016. ↑
- Cf. Michael Marti, Eliane Kraft et Felix Walter, Prestations, utilité et financement de communautés religieuses en Suisse, Glaris / Coire, Rüegger Verlag, 2010. « La valeur des prestations à caractère social des Églises nationales correspond en gros au financement officiel de ces dernières dans les cantons analysés (…) on peut émettre l’hypothèse que, dans la plupart des cantons, la valeur des offres à caractère social est supérieure au financement étatique. » (ibid., p. 71) « Les activités cultuelles ont un caractère d’intérêt général en ce qu’elles contribuent à la constitution du lien social [et à l’intégration] et les institutions religieuses développent des activités socio-caritatives à destination de l’ensemble de la collectivité. » (Francis Messner, « Le financement public des religions en Europe : statuts actuels et pratiques émergentes », Revue du droit des religions, N° 1, mai 2016, pp. 23–37 [p. 37]) ↑
- Martin Baumann, « Les collectivités religieuses en mutation : structures, identités et relations interreligieuses », in Christoph Bochinger (dir.), op. cit., pp. 21–74 (pp. 57–58). ↑
- Ibid., p. 33. ↑
- Daniel Kosch, « Katholische Kirche erlebt keinen Exodus », Kath.ch, 9 février 2017. ↑
- Église catholique en Suisse. Statistiques 2013. Chiffres, faits, évolutions, Saint-Gall, SPI, 2013, p. 62. ↑
- Jörg Stolz et al., Religion et spiritualité à l’ère de l’ego. Profils de l’institutionnel, de l’alternatif, du distancié et du séculier, Genève, Labor et Fides, 2015. ↑
- Ce résumé s’appuie sur le chapitre 2 du livre précité. ↑
- Jörg Stolz, « La religion et l’individu face à la pluralisation religieuse », pp. 81–88. ↑