Après la tentative d’assassinat qui a failli lui coûter la vie le 13 juillet 2024, l’aura autour de la figure de Donald Trump s’est encore renforcée parmi ses partisans, mêlant le thème du martyr et celui du héros. En discutant avec des admirateurs de ce personnage ou en lisant leurs textes, il ne faut pas longtemps pour constater quel rôle exceptionnel lui est assigné comme antagoniste du Deep State, appelé à restaurer la grandeur de l’Amérique et à nettoyer les écuries d’Augias politiciennes face aux séides de cet « État profond ». Bien que familier avec ces thèses, j’ai quand même été intrigué en découvrant qu’a été publié cette année en anglais (et déjà traduit en espagnol) un livre intitulé Esoteric Trumpism. Donald Trump comme figure ésotérique, vraiment ? Curieux d’en savoir plus, j’ai commandé ce volume.
« Dérives sectaires » : pourquoi je n’utilise pas cette expression
Le trentième anniversaire de l’éclatement de l’affaire de l’Ordre du Temple Solaire (OTS) m’a valu plusieurs demandes de la part de médias. Les interviews débutaient par des questions autour des événements que le monde découvrit le 5 octobre 1994, pour aborder ensuite les « dérives sectaires » et les mesures à prendre pour les prévenir. En répondant à ces journalistes, je n’ai pas manqué de préciser que je m’abstenais d’utiliser cette expression. Il me semble opportun de partager quelques réflexions afin de m’en expliquer.
Ce sera aussi l’occasion de présenter de manière plus étoffée des remarques déjà faites sur ce site dans un article publié en juin 2020, dans le contexte de la pandémie.
Le palais des réglementations – Conte covidien, suivi d’un commentaire
Il neigeait ce lundi matin. Avant de pénétrer dans le bâtiment sans charme qui abritait l’Office fédéral des réglementations covidiennes pour la prévention de nouvelles épidémies, Peter Müller s’était longuement ébroué pour éviter de laisser une traînée humide jusqu’à son bureau. Arrivé à celui-ci, il ôta ses chaussures encore maculées de boue et d’eau pour les laisser sécher et les remplaça par les chaussons fourrés qu’il avait l’habitude de porter en hiver dans les locaux de l’administration.
Prêt à commencer une nouvelle semaine au service de la protection du pays menacé par les pandémies, Peter Müller se sentait heureux. Il avait été promu le mois précédent au poste de chef de la Section de création de nouveaux règlements : nul doute que ses capacités au-dessus de la moyenne dans ce domaine et la rigueur avec laquelle il construisait la justification de chaque règle avaient favorablement impressionné ses supérieurs. Il paraît que même le Conseil fédéral avait apprécié son travail.
Pandémie : l’enfermement des personnes âgées
Alors que les pays européens subissent la seconde vague de la pandémie de Covid-19, le sort des personnes âgées se pose à nouveau. En particulier pour celles d’entre elles qui résident dans des établissements destinés à les accueillir, les préoccupations sanitaires liées à leur vulnérabilité entraînent de fortes restrictions. Même si elles découlent de louables intentions, la justification légale et morale des contraintes imposées à ce groupe de la population ainsi que leur proportionnalité par rapport aux autres conséquences qu’elles entraînent méritent d’être discutées. En outre, la prise de contrôle sur une catégorie de la population s’accompagne d’une forte intrusion dans les relations entre les personnes concernées et leurs familles.
Complotisme : comment parler de croyances non conformistes ? Réflexions sur une enquête de Heidi.news
Au fil de décennies de recherches, j’ai rencontré des croyances étonnantes par rapport à celles qui me sont familières. Et les croyances peuvent avoir des conséquences pratiques, dans la vie des personnes qui les embrassent, de leur entourage ou de la société. La question est de savoir comment les traiter, en sachant qu’elles sont portées et promues par des êtres humains. Le défi est d’essayer de comprendre leur généalogie et leur rôle social, avec respect pour les interlocuteurs, avec neutralité — sans pour autant se sentir obligé de tomber dans le relativisme et sans renoncer à convictions.
Cette question s’est à nouveau posée à moi en lisant une enquête journalistique en cours de publication sur le site Heidi.news à propos de la « complosphère » en Suisse. Je n’ai pas l’habitude de prendre ma plume pour commenter ou évaluer chaque article que je lis : je le fais pour saisir l’occasion fournie par un article de presse comme support d’une réflexion plus ample sur les questions soulevées. Je partagerai quelques observations sur l’approche de cette série en élargissant la perspective au-delà du cas particulier.
J’ai d’abord voulu intituler ce texte « Comment parler de croyances déviantes ? ». L’expression est utilisée dans le discours scientifique. Cependant, s’il est vrai qu’elles sont déviantes par rapport à la perception majoritaire et qu’elles sortent des normes communément acceptées, le mot peut connoter un caractère anormal ou asocial : pour cette raison, j’ai préféré adopter un adjectif neutre et n’impliquant aucune intention dévalorisante dans ce texte destiné à un public plus large.
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