Il y a une dizaine d’années, j’avais découvert, au hasard d’achats de gravures, quelques illustrations provenant des Cérémonies et coutumes religieuses de tous les peuples du monde représentées par des figures dessinées de la main de Bernard Picart, volumes publiés à Amsterdam à partir de 1723. J’avais été d’emblée séduit par la qualité de ces gravures : depuis, j’en ai acheté plusieurs, fait encadrer quelques-unes, offert d’autres. À l’entrée de mon logement, l’on peut voir sur un mur une procession de la Fête-Dieu, sur l’autre un baptême et des funérailles russes — la première plus exacte que la seconde : Picart avait pu voir des processions de la Fête-Dieu, mais sans doute jamais des cérémonies orthodoxes russes. Les représentations de Picart ne se limitent pas aux formes religieuses du monde chrétien : les cultures les plus exotiques se trouvent aussi dans sa galerie.
De Picart, je savais simplement qu’il était un protestant français réfugié aux Pays-Bas. J’avais deviné aussi que l’influence de ses représentations avait été large : en effet, au milieu du XIXe siècle, des ouvrages sur les religions continuaient de copier Picart. Mais je n’avais pas conscience de l’importance de l’œuvre de Picart dans l’histoire des idées en Europe.