Le mois dernier, une journaliste qui préparait une page estivale m’a interrogé sur les lieux de culte partagés entre plusieurs communautés religieuses. Nous avons abordé la situation en Suisse, mais aussi esquissé des réflexions plus générales sur la signification de ce partage d’un même lieu de culte par des croyants qui n’appartiennent pas à la même confession, voire à la même religion. Ce thème m’intéresse, mais il ne m’avait jamais fallu rassembler sommairement mes idées à ce sujet : souvent, les questions reçues nous obligent à réfléchir et à mettre en ordre les informations glanées par-ci par-là.
Les lieux de culte partagés peuvent être la conséquence de situations historiques : soit une situation de nécessité a demandé des accommodements, soit la piété populaire a ignoré les frontières doctrinales. La perception et l’attitude envers de telles situations locales a pu varier, au gré de l’évolution des relations entre communautés. Mais aujourd’hui, des lieux de culte partagés peuvent être le produit de démarches délibérées, inspirées par un esprit de dialogue interreligieux. Et l’intérêt actuel pour ces phénomènes reflète aussi des tensions auxquelles on veut opposer des exemples « positifs » pour promouvoir une coexistence religieuse harmonieuse.