À première vue, pas grand monde n’imaginerait que des théoriciens ou militants naviguant dans les cercles des droites radicales européennes se retrouvent fascinés par des mouvements politiques du tiers-monde ou attirés par l’islam. Mais, bien sûr, ces milieux ne sont pas hermétiques aux thèmes et modes de leur époque ni imperméables à des combinaisons idéologiques inattendues — sans parler des considérations stratégiques. Publié l’an dernier, un livre apporte un éclairage à la fois documenté et critique, puisque son auteur n’avait pas été insensible à ces approches et dit aujourd’hui son désaccord fondamental avec celles-ci.
Maison d’édition aux orientations politiques assumées, notamment par l’accueil d’ouvrages et revues révisionnistes, les Éditions Akribeia publient des livres à la présentation et à la typographie soignées, ce qui est loin d’être le cas de tous les éditeurs de ce milieu politique. Elles proposent aussi dans leur catalogue des ouvrages originaux, comme la volumineuse étude de Philippe Baillet qui retiendra ici mon attention. Elle est intitulée L’Autre Tiers-mondisme : des origines à l’islamisme radical. Après ce titre qui intrigue sans dévoiler vraiment de quoi il s’agit, un sous-titre le précise : Fascistes, nationaux-socialistes et nationalistes-révolutionnaires entre « défense de la race » et « solidarité anti-impérialiste ».