Beaucoup ont exprimé de la compréhension pour un homme de 85 ans qui a renoncé à poursuivre l’exercice d’une charge écrasante ; nombre de questions s’expriment en revanche quant aux conséquences d’une telle initiative — à la mesure de la place accordée au pape dans l’imaginaire catholique romain. Seul le temps permettra de mesurer vraiment l’impact de la renonciation de Benoît XVI. À l’heure où s’est ouvert le conclave pour désigner un nouveau pontife à Rome, petit tour d’horizon de quelques commentaires.
Le catholicisme et les rites du shinto d’État au Japon : un livre de Régis Ladous sur Mgr Marella
Étonnante histoire que l’historien Régis Ladous raconte dans son livre, écrit en collaboration avec Pierre Blanchard, Le Vatican et le Japon dans la guerre de la Grande Asie orientale. La mission Marella (Desclée de Brouwer, 2010). Il est vrai que les ouvrages qui traitent des relations entre le Japon et le Saint-Siège durant les années tourmentées de l’avant-guerre et de Seconde Guerre mondiale au Japon ne prolifèrent pas dans les langues occidentales — c’est la première fois que j’en lisais un. Je ne suis pas ennuyé : j’y ai retrouvé le talent de Régis Ladous pour raconter une histoire. Quand, jeune étudiant à Lyon, je suivais ses cours, je les savourais déjà : il ne suffit pas de connaître l’histoire, il faut savoir la mettre en scène (et en contexte), la rendre palpitante pour l’auditeur. Régis Ladous connaît les ficelles du métier.
En voyant arriver ce livre, je confesse avoir été d’abord saisi d’un doute : un historien français peut-il raconter cette tranche d’histoire sans connaître le Japon et le japonais ? Eh bien, oui : l’angle d’approche choisi le permet, les archives utilisées apportent les éclairages nécessaires, et le résultat est convaincant. C’est à travers la figure de Marella que l’histoire est présentée. Et elle est passionnante.
Mais pourquoi donc un professeur d’histoire contemporaine à l’Université Lyon III s’intéresse-t-il à un pareil sujet ? Parce que cette tranche d’histoire soulève une question importante, et qui traverse le catholicisme depuis des siècles, en particulier depuis la querelle des rites chinois : jusqu’où peut aller l’inculturation du christianisme ? L’épisode est compliqué par la nature autoritaire du régime japonais à cette époque.
Tout le monde ne lira pas ce volume de plus de 400 pages, même s’il est accessible aux non spécialistes. Je vais donc essayer d’en résumer quelques aspects importants sur la question des rites — en laissant de côté d’autres aspects de l’activité de Mgr Marella que relate cet ouvrage.
Les journalistes d’investigation vont s’intéresser au Vatican
Sur les bords du lac Léman, du 22 au 25 avril 2010, va se dérouler la 6e “Conférence globale” du Réseau mondial des journalistes d’investigation. Sur le site du Réseau suisse des journalistes d’investigation, le comité organisateur vante les charmes de Genève, la présence des organisations internationales aussi, et ne manque pas de souligner quelques aspects de nature à allécher des journalistes d’investigation : “À la demande générale, un accent particulier sera mis sur les questions bancaires et financières. Comment accéder à la mystérieuse place financière helvétique ? Comment accéder à des informations privilégiées ici à Genève ? Nous soulèverons avec vous tous les secrets bancaires.” Voilà qui promet !
Avec curiosité, je suis allé regarder le programme de plus près. Je dois dire que les participants ne vont pas s’ennuyer. Je cite quelques panels déjà annoncés : “La caméra cachée et l’infiltration comme méthode d’investigation”, “Enquêter sur les réseaux pédophiles”, “Comment la contrebande de tabac alimente le terrorisme”, “Pirates ! Comment y accéder. Comment les interviewer. Comment enquêter sur leurs activités”, “Le journaliste d’investigation et les gangs”, “Quand les lecteurs font l’enquête”… Bref, je me disais déjà qu’il fallait songer à en parler sur ce site, quand j’ai découvert l’annonce de panel qui m’a convaincu de le faire : “Enquêter au Vatican”!