Le visiteur qui se dirige vers la salle de lecture de la Bibliothèque publique et universitaire de Genève (BPU) passe devant le buste de Hyacinthe Loyson (1827–1912). Peut-être ne lui accorde-t-il qu’une attention distraite ou ignore-t-il que le Père Hyacinthe, comme on l’appelait aussi, a joué un rôle dans les turbulences politico-religieuses de la vie genevoise des trente dernières années du XIXe siècle. Le personnage a aussi été l’une des figures d’une tentative à l’impact plus modeste, en France, pour établir une Église catholique indépendante de Rome. C’est à cet épisode que s’intéresse l’article publié ici. Avant d’expliquer dans quel cadre il a été préparé, il faut rappeler brièvement l’itinéraire de Hyacinthe Loyson.
Religions et réformes : pressions, adaptations, innovations, réactions
Le colloque annuel de l’Institut supérieur d’études œcuméniques (ISEO) s’est déroulé du 12 au 14 avril 2016, à l’Institut catholique de Paris. Alors qu’approche l’anniversaire de la Réforme protestante du XVIe siècle, il avait pour thème cette année : « Penser les R/réformes aujourd’hui ». Dans le riche programme de ce colloque, j’étais invité à présenter l’une des conférences introductives de la première matinée.
La parution des Actes du colloque est prévue pour l’an prochain. Je mets en ligne ici une version abrégée de mes réflexions : la version complète, accompagnée des références bibliographiques et de nombre d’exemples supplémentaires, sera disponible dans le volume à paraître.
Le catholicisme et les rites du shinto d’État au Japon : un livre de Régis Ladous sur Mgr Marella
Étonnante histoire que l’historien Régis Ladous raconte dans son livre, écrit en collaboration avec Pierre Blanchard, Le Vatican et le Japon dans la guerre de la Grande Asie orientale. La mission Marella (Desclée de Brouwer, 2010). Il est vrai que les ouvrages qui traitent des relations entre le Japon et le Saint-Siège durant les années tourmentées de l’avant-guerre et de Seconde Guerre mondiale au Japon ne prolifèrent pas dans les langues occidentales — c’est la première fois que j’en lisais un. Je ne suis pas ennuyé : j’y ai retrouvé le talent de Régis Ladous pour raconter une histoire. Quand, jeune étudiant à Lyon, je suivais ses cours, je les savourais déjà : il ne suffit pas de connaître l’histoire, il faut savoir la mettre en scène (et en contexte), la rendre palpitante pour l’auditeur. Régis Ladous connaît les ficelles du métier.
En voyant arriver ce livre, je confesse avoir été d’abord saisi d’un doute : un historien français peut-il raconter cette tranche d’histoire sans connaître le Japon et le japonais ? Eh bien, oui : l’angle d’approche choisi le permet, les archives utilisées apportent les éclairages nécessaires, et le résultat est convaincant. C’est à travers la figure de Marella que l’histoire est présentée. Et elle est passionnante.
Mais pourquoi donc un professeur d’histoire contemporaine à l’Université Lyon III s’intéresse-t-il à un pareil sujet ? Parce que cette tranche d’histoire soulève une question importante, et qui traverse le catholicisme depuis des siècles, en particulier depuis la querelle des rites chinois : jusqu’où peut aller l’inculturation du christianisme ? L’épisode est compliqué par la nature autoritaire du régime japonais à cette époque.
Tout le monde ne lira pas ce volume de plus de 400 pages, même s’il est accessible aux non spécialistes. Je vais donc essayer d’en résumer quelques aspects importants sur la question des rites — en laissant de côté d’autres aspects de l’activité de Mgr Marella que relate cet ouvrage.
Le duel en Suisse romande
Le duel n’a pas été aussi pratiqué en Suisse romande que dans de grands pays voisins : mais il y a bel et bien existé. Le sujet n’avait pourtant pas fait l’objet d’une étude panoramique. À travers quinze chapitres signés par différents auteurs, dont plusieurs études de cas et des contributions sur l’escrime et les “arts martiaux historiques européens”, des approches variées nous sont proposées par un nouvel ouvrage, dirigé par Olivier Meuwly et Nicolas Gex, Duel et combat singulier en Suisse romande : de l’Antiquité au XXe siècle (Bière, Éd. Cabédita, 2012, 228 p.). Ils ouvrent aux lecteurs un bon tour d’horizon, jamais ennuyeux. Le lancement de ce livre a eu lieu hier au Château de Rolle.
Dictionnaire historique de la Suisse : Population, Poste, Réforme…
La semaine dernière, j’ai reçu le dixième volume du Dictionnaire historique de la Suisse. Treize sont prévus, le premier était paru en 2002 : l’entreprise se poursuit donc au rythme imperturbable d’un volume annuel. Au total, le DHS comptera 36.000 articles, plus de 10.00 pages et 8.500 illustrations. Et pas seulement en français, mais aussi en allemand et en italien, ce qui donne une idée de l’ampleur de ce projet.
J’y avais souscrit et je ne regrette pas la dépense que représente l’acquisition d’un nouveau volume chaque année. Car ce dictionnaire est une mine d’information. Si certains articles sont brefs (notamment les biographies, couvrant en règle générale un paragraphe), d’autres sont longs de plusieurs pages. Quelle que soit la longueur de l’article, des références bibliographiques sont fournies pour qui désire en savoir plus. Une illustration abondante et attrayante complète le texte, ainsi que des diagrammes quand il y a lieu (par exemple pour des données statistiques).
Ce n’est donc pas simplement un dictionnaire que l’on consulte quand on cherche quelque chose de précis : chaque fois que sort un nouveau volume, je prends plaisir à le parcourir et à me plonger dans des notices que je ne cherchais pas. Ce que j’ai fait en recevant ce dixième volume.