Le titre de cet article évoque plutôt celui d’un site parodique ou d’un journal de boulevard. Il n’en est pourtant rien : ce sont les dernières informations sorties du milieu très secret des fidèles de l’Église palmarienne, dont le Saint-Siège se trouve en Espagne. Même s’il y avait eu quelques signes annonciateurs, c’est un véritable coup de théâtre de voir le chef de ce mouvement religieux le quitter dans des circonstances peu communes. Quant aux citoyens suisses, ils peuvent se réjouir d’avoir désormais un pape de leur nationalité, même s’il ne réside pas au Vatican, mais en Espagne, à Palmar de Troya, près de Séville.
L’invention du satanisme
La semaine dernière, un groupe d’étudiantes en psychologie de l’Université de Lausanne a eu l’heureuse idée d’organiser une projection du film Régression (2015) du cinéaste Alejandro Amenábar et de m’inviter à le commenter. Je n’avais pas prêté attention à ce film, dans un genre cinématographique qui ne me séduit habituellement pas beaucoup. Ce film a reçu un très mauvais accueil de la critique. Pourtant, de mon point de vue de chercheur sur les courants religieux contemporains, je l’ai trouvé intéressant : il réussit à bien rendre la vague de panique autour d’allégations de crimes sataniques à large échelle, qui s’était diffusée aux États-Unis dans les années 1980 et 1990. Évoquer ce film est aussi une occasion de revenir sur les mythes et réalités du satanisme contemporain, sujets sur lesquels un récent ouvrage en anglais apporte une bonne synthèse, même si elle est limitée au monde anglophone. Mais il faut d’abord évoquer le film d’Alejandro Amenábar et, après avoir brièvement résumé le satanisme tel que le décrit ce nouveau livre, rappeler ce qui s’est passé autour de peurs sataniques il y a une trentaine d’années. Le sujet n’a certainement pas fini de donner lieu à des fantasmes.
L’évolution de l’Église néo-apostolique : un signe des temps ?
À l’instar d’autres communautés chrétiennes non conformistes, l’Église néo-apostolique a connu en moins d’une trentaine d’années un processus d’ouverture, qui l’a conduit à développer des relations avec des Églises chrétiennes historiques et à revisiter sa propre histoire, tout en maintenant sa spécificité. Une récente invitation à commenter cette évolution pour RTSreligion, la rédaction spécialisée dans le fait religieux au sein de la Radio Télévision Suisse, m’incite à partager ici quelques informations et observations plus détaillées. Pourquoi cette ouverture, et quelles en sont les conséquences pour l’Église néo-apostolique et pour ses relations avec le reste du monde chrétien ?
De l’Église de l’Unification à l’Église du Sanctuaire : naissance et justification d’un schisme
Dans un sermon immédiatement diffusé en ligne le 20 septembre 2015, Hyung Jin (Sean) Moon (né en 1979), le le plus jeune fils du Révérend Sun Myung Moon, dénonce avec virulence sa mère comme « hérétique », tandis qu’il affirme lui-même poursuivre dans la voie tracée par son père. Depuis quelque temps déjà, il a organisé un mouvement appelé Sanctuary Church, dont le siège se trouve en Pennsylvanie. Pour qui observe la genèse et l’évolution de mouvements religieux, cette évolution offre un intéressant exemple de la dynamique d’un schisme.
Ukraine : visages du nouveau paganisme
La multiplication de groupes (néo-)païens dans le monde occidental a donné naissance à de nombreux travaux de recherches, en particulier en langue anglaise, d’ailleurs assez souvent écrits par des universitaires eux-mêmes impliqués dans certains de ces mouvements. Moins fréquentes sont les études en langues occidentales sur les cercles néo-païens dans les pays postcommunistes. Spécialiste du folklore et enseignante dans une université canadienne, Mariya Lesiv a publié un livre en anglais sur trois groupes païens de son pays d’origine, l’Ukraine : The Return of Ancestral Gods : Modern Ukrainian Paganism as an Alternative Vision for the Nation (2013).
Son attention avait été attirée sur ce phénomène en 2006 en raison de la présence de deux petits groupes païens lors des fêtes du quinzième anniversaire de l’indépendance de l’Ukraine. Les groupes qu’elle étudie ne constituent qu’une partie de ce néo-paganisme ukrainien qu’il est difficile de quantifier, d’autant plus que tous les mouvements ne font pas les démarches administratives pour un enregistrement officiel (pp. 42–43). Les réunions les plus nombreuses auxquelles la chercheuse a assisté rassemblaient quelque 200 personnes. Les organisations présentées dans ce livre rassemblent plusieurs dizaines de groupes locaux à travers le pays.