Il existe une production considérable de textes en plusieurs langues autour de sujets distincts, mais liés, que sont le véganisme et l’antispécisme. Libération animale et « droits des animaux » sont devenus des sujets largement débattus, également dans les grands médias. Des mouvements activistes ont réussi à les imposer dans la discussion publique, notamment à travers des vidéos montrant des pratiques scandaleuses dans des abattoirs. Cela fait longtemps que des associations luttent notamment contre la vivisection, de même que le végétarisme a de longue date des adeptes convaincus : pourtant, ce qui est en train de se passer exerce un impact plus large et représente potentiellement une remise en cause d’une nature plus profonde, au-delà du statut des animaux.
Engagements radicaux : les croyances de l’extrême
Les engagements radicaux, religieux ou politiques, ne sont pas nouveaux — ni toujours connotés négativement. Mais ce qui est nouveau, c’est l’omniprésence de la notion de radicalisation et sa connotation majoritairement islamique, par suite d’événements survenus au cours des deux dernières décennies. L’actualité quotidienne fourmille d’informations sur la radicalisation : on veut comprendre le processus de radicalisation, on s’inquiète de la radicalisation de jeunes, des parents veulent lutter contre la radicalisation, on souhaite prévenir la radicalisation.
RTSreligion : le point sur la situation
En novembre 2015, l’annonce par la Radio-Télévision Suisse (RTS) des drastiques coupures (40 %) dans le budget des émissions religieuses, coproduites en partenariat avec les Églises catholique et réformée, causa un choc dans différents milieux en Suisse romande. Elle entraîna une forte mobilisation d’auditeurs et téléspectateurs non seulement chrétiens, mais également agnostiques ou membres d’autres confessions religieuses. En effet, RTSreligion propose une information et des analyses de qualité sur les questions religieuses en général. Une pétition recueillit plus de 25 000 signatures en quelques semaines et fut remise aux représentants de la RTS au mois de janvier 2016. En juin, après plusieurs mois de négociations, un accord fut conclu avec la direction de la RTS.
Comme le savent les lecteurs fidèles de ce site, je me suis engagé dès novembre 2015 au sein d’un comité de soutien à ces émissions en péril. En ces premiers mois de l’année 2017, plus d’un an après cette mobilisation et l’écho médiatique qu’elle suscita, il m’a semblé opportun de proposer une analyse rétrospective et un point de situation, en interrogeant Michel Kocher (directeur de Médias-pro) et Bernard Litzler (directeur de Cath-Info), qui ont été concernés au premier chef par cette crise et ont participé aux négociations avec la direction de la RTS. Une fois n’est pas coutume : ce n’est donc pas un texte dont je suis l’auteur, mais un entretien que je vous invite à lire ici.
Pluralisme religieux, liberté religieuse et tensions : pour une approche pragmatique
Comment aborder la question du pluralisme religieux sans intimer aux groupes religieux l’obligation d’embrasser celui-ci comme un idéal ? Peut-être d’abord en partant modestement de l’analyse des réalités de nos sociétés plutôt que de l’affirmation de grands principes. Le 8 octobre 2016, l’Église adventiste du septième jour m’avait invité à présenter des réflexions sur le pluralisme religieux lors d’une réunion à Gland, à l’occasion de la Journée de la liberté religieuse. Le thème avait été choisi par les organisateurs : « Le pluralisme religieux, danger ou richesse ? Les facteurs du changement dans la perspective du pluralisme religieux en Suisse ». Ce n’est pas un sujet que je me serais risqué à choisir : mais j’ai accueilli cette demande comme une invitation à réfléchir, en essayant d’éviter les slogans ou les prises de position tranchées. Le texte proposé ici est une version adaptée et légèrement abrégée de ma conférence. Il ne s’agit pas d’un article destiné à une revue universitaire, mais de quelques pistes esquissées pour un public plus large. Outre mes observations personnelles sur ces terrains, cet article est redevable à des lectures qui ont nourri ma réflexion : ces auteurs et références sont cités dans le texte et dans les notes.
Le sport, une religion ?
« Le sport, cette nouvelle religion qui rapporte des millions », annonce la couverture du dernier numéro du magazine économique Bilan (12–25 octobre 2016). Le contenu ne reprend plus la métaphore, si ce n’est pour dire que « l’activité physique n’a jamais eu autant d’adeptes ». Apparemment , la référence religieuse suggère à la fois que le sport occupe une place centrale dans la vie de nombre de mes concitoyens et qu’il inspire un engagement sacrificiel, presque ascétique : « ils se lèvent avant l’aurore pour courir des kilomètres dans la nuit », d’autres « soulèvent des poids durant des heures ». Voire l’aspiration à dépasser la condition humaine normale : « chacun veut repousser ses limites le plus loin possible. »
Dans un autre registre, le même soir, le journal télévisé commente un match de football en expliquant qu’un joueur talentueux a « crucifié le gardien » : ce qui veut simplement dire qu’il a marqué un autre but, auquel le gardien semble avoir survécu malgré cette forte comparaison ! Et lundi matin, c’est au tour d’un journal populaire de titrer « Sacré football », avec une Sainte Vierge contemplant un ballon rond (Le Matin, 17 octobre 2016).
Justement, ce quotidien m’avait interrogé dans le cadre de la préparation de cet article, et a repris deux phrases de mes propos. C’est une bonne occasion de les compléter ici et de faire le point sur cette comparaison qui revient souvent entre sport et religion, notamment quand il s’agit de football.