En octobre 2016, le Vicariat épiscopal pour la partie francophone de l’Église catholique du canton de Fribourg lança une enquête auprès de la population. Diffusé en ligne et en version papier, annoncé dans les médias et distribué dans certains lieux publics à des heures de forte fréquentation, un questionnaire intitulé L’Église, ça change quoi ? avait pour objectif de mieux comprendre les perceptions de l’Église catholique et les attentes à son égard, en essayant d’atteindre non seulement les pratiquants, mais aussi des personnes éloignées de l’Église.
L’aspect d’un livre saint : quand un nouveau mouvement religieux met en forme son texte sacré
Dans le monde toujours foisonnant des nouveaux mouvements religieux, un phénomène de créativité religieuse qui m’intéresse particulièrement depuis longtemps est l’apparition de nouvelles révélations conduisant à la rédaction de nouveaux livres saints. C’est loin d’être le cas dans tous les groupes religieux : beaucoup de mouvements proposent simplement une (ré)interprétation de croyances ou de textes qui existent déjà. D’autres, en revanche, donnent naissance à de nouveaux textes sacrés. Le cas du Livre de Mormon, qui vient s’ajouter à la Bible chrétienne, est bien connu ; ce n’est d’ailleurs pas le seul nouveau texte canonique de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, puisqu’elle y ajoute Doctrine et Alliances (recueil de révélations reçues par Joseph Smith) et La Perle de Grand Prix.
Après avoir assisté récemment à un fascinant colloque sur la postérité de Sun Myung Moon et de l’Église de l’unification, dont j’ai proposé un compte rendu sur le site Religioscope, j’ai décidé de m’intéresser d’un peu plus près aux divergences entre les différents groupes sur les écrits ayant un statut canonique. Je me suis rendu sur le site de librairie en ligne du principal mouvement, qui reste fidèle à la veuve du Rév. Moon, et j’y ai trouvé une section Holy Scriptures. Cette page du site de HSA Books vend les huit textes ou recueils de textes indiqués comme principales références par le défunt fondateur du mouvement (dont la présentation du Principe Divin), mais il désigne spécifiquement comme « Écritures saintes » trois gros volumes : le Cheon Seong Gyeong, le Pyeong Hwa Gyeong et le Chambumo Gyeong, publiés entre 2013 et 2015. J’en ai reçu deux déjà, et le troisième devrait arriver dans mon courrier ce mois encore. Il s’agit des traductions anglaises des originaux en langue coréenne.[Lire la suite…]
Livre : fascistes, nationaux-socialistes et nationalistes-révolutionnaires face à l’islam et aux mouvements anti-impérialistes – un « autre tiers-mondisme » ?
À première vue, pas grand monde n’imaginerait que des théoriciens ou militants naviguant dans les cercles des droites radicales européennes se retrouvent fascinés par des mouvements politiques du tiers-monde ou attirés par l’islam. Mais, bien sûr, ces milieux ne sont pas hermétiques aux thèmes et modes de leur époque ni imperméables à des combinaisons idéologiques inattendues — sans parler des considérations stratégiques. Publié l’an dernier, un livre apporte un éclairage à la fois documenté et critique, puisque son auteur n’avait pas été insensible à ces approches et dit aujourd’hui son désaccord fondamental avec celles-ci.
Maison d’édition aux orientations politiques assumées, notamment par l’accueil d’ouvrages et revues révisionnistes, les Éditions Akribeia publient des livres à la présentation et à la typographie soignées, ce qui est loin d’être le cas de tous les éditeurs de ce milieu politique. Elles proposent aussi dans leur catalogue des ouvrages originaux, comme la volumineuse étude de Philippe Baillet qui retiendra ici mon attention. Elle est intitulée L’Autre Tiers-mondisme : des origines à l’islamisme radical. Après ce titre qui intrigue sans dévoiler vraiment de quoi il s’agit, un sous-titre le précise : Fascistes, nationaux-socialistes et nationalistes-révolutionnaires entre « défense de la race » et « solidarité anti-impérialiste ».
Pourquoi j’avais conservé depuis 1999 l’annuaire téléphonique de New Delhi
Depuis des années, la place manque sur les rayons de ma bibliothèque. Les doubles rangées se multiplient — calamité pour retrouver un ouvrage, mais comment faire autrement ? — et des piles de livres s’accumulent dans des coins, faute d’espaces encore libres. Afin de libérer une case pour un gros volume d’encyclopédie, je me suis aujourd’hui résolu à jeter l’édition 1999 de l’annuaire téléphonique de New Delhi : 3,5 centimètres de large, 27,5 centimètres de haut, tout espace gagné est une petite victoire. Mais comment s’est-il retrouvé dans mon bureau, et pourquoi l’avoir conservé durant si longtemps, alors que son contenu avait perdu depuis belle lurette toute utilité ?
Nation, religion, race, civilisation : les identités ultimes
Il y a une vingtaine d’années, pendant les combats qui opposaient alors Croates et Musulmans à Mostar, en Bosnie-Herzégovine, un officier croate avait confié à Joseph Nye : « Avant la guerre, je ne pouvais pas distinguer au premier coup d’œil qui était un Musulman, mais maintenant, avec les uniformes, c’est facile. » (« Conflicts after the Cold War », Washington Quarterly 19/1, hiver 1996, pp. 5–24). Depuis les guerres de Yougoslavie, je me suis plus d’une fois demandé ce qui détermine nos identités quand nous nous trouvons sommés de choisir notre camp ? Est-ce la langue, est-ce l’appartenance ethnique, est-ce l’orientation politique, est-ce la religion, est-ce un mélange de plusieurs facteurs ? Face à un conflit opposant notre pays à un autre, le choix trouve une solution aisée en suivant l’adage : My country, right or wrong ! Mais si la ligne de fracture se situe ailleurs, quelles considérations déterminent-elles finalement notre choix ? Quel est le dénominateur commun ultime qui nous semble imposer une direction ou un autre ? Une question inépuisable et sans solution, mais sur laquelle quelques lectures récentes m’incitent à esquisser de brèves observations.
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