Depuis 2009, le Conseil central islamique suisse (CCIS) est devenu un acteur minoritaire, mais très visible au sein de la communauté musulmane en Suisse. Animé par des convertis et des musulmans de seconde génération, aptes à s’exprimer dans les langues du pays (y compris en dialecte alémanique) et à l’aise avec les outils modernes de communication, il exerce un attrait notamment sur des musulmans qui estiment que les autres associations islamiques sont insuffisamment combatives. Le CCIS a déjà suscité à plusieurs reprises des controverses, critiques et soupçons. Une vidéo mise en ligne au mois de novembre, à l’occasion du cinquième anniversaire du vote populaire qui a interdit en Suisse la construction de nouveaux minarets, a suscité une vague de réactions : certains critiques n’hésitent pas à parler d’une “déclaration de guerre”. Une bonne occasion pour un exercice d’analyse dépassionnée.
La voie du chercheur : l’exemple d’Émile Poulat
Le mercredi 26 novembre 2014, j’ai effectué un voyage aller-retour à Paris pour assister aux obsèques d’Émile Poulat, à l’église Saint-Séverin. Présidées par Mgr Vincenzo Paglia, entouré d’une douzaine de prêtres, elles ont rassemblé de nombreux amis et collègues de cet éminent sociologue et historien du catholicisme contemporain et de la laïcité, décédé le samedi 22 novembre 2014 à l’âge de 94 ans. Un homme de foi aussi, soulignèrent les allocutions prononcées lors des obsèques, qui s’était attaché à la communauté de Sant’Egidio durant les dernières années de son existence.
Des vigiles et des veilleurs : à propos des nouveaux modèles d’activisme catholique
La venue de la philosophe américaine Judith Butler à l’Université de Fribourg pour y recevoir un doctorat honoris causa a suscité une petite polémique, dont l’origine n’était pas locale, et a entraîné une pacifique action de protestation par un petit groupe de catholiques. Je n’avais pas l’intention d’écrire quelque chose à ce sujet, mais l’occasion m’a paru bonne pour m’interroger sur le sens de nouvelles formes de protestation catholique. Le billet prévu est devenu un petit article, qui permet aussi de rappeler les faits et d’évoquer en filigrane la question de l’identité de l’Université de Fribourg, car elle n’a pas été étrangère aux réactions observées.

“Les sectes”, questions de vocabulaire
En ce mois qui marque le vingtième anniversaire de la découverte du premier “transit” de l’Ordre du Temple Solaire (OTS), avec son mélange de suicides et de meurtres, la presse s’y intéresse, rappelle l’événement et se demande si un tel drame pourrait se reproduire. Plusieurs articles et reportages offrent une information nuancée. Mais d’autres propos donnent le sentiment que la perception du sujet n’a que peu évolué depuis 1994, malgré l’essor important des recherches sur les mouvements religieux et parareligieux contemporains. Quelques réflexions critiques sur un problème de vocabulaire, précédées d’un rappel sur les motivations d’un chercheur, dont le regard ne s’oriente pas toujours vers les sujets qui intéressent prioritairement les médias.

Entre djihad, administration et apocalypse : réflexions sur l’«État islamique »
“Tout le monde écrit sur l’État islamique, ces temps-ci”, me disait un spécialiste du monde musulman dans un message qu’il m’adressait il y a quelques jours. En effet : je venais d’accepter de rédiger un bref commentaire sur le sujet. Cet exercice d’écriture m’a donné envie d’aller un peu plus loin et de proposer ici quelques réflexions sur ce qui se passe actuellement au Proche-Orient. Le phénomène de l’État islamique offre une bonne occasion de prêter attention aux aspirations djihadistes et aux mutations de l’islamisme militant.
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